Ostéochimionécrose extensive de la mandibule chez un patient présentant une ostéomalacie et traité par dénosumab pour une tumeur osseuse sphénoïdale

¹ Centre Léon Bérard, 28 rue Laennec 69008 Lyon, France
² Faculté d’odontologie, 11 rue Guillaume Paradin, 69008 Lyon, France

Reçu : 19 Mai 2015
Accepté : 23 Juin 2015

Résumé

Observation : Le cas d’un patient âgé de 68 ans, traité par dénosumab, cal- citriol et phosphates pour une ostéomalacie et une tumeur à cellules géantes du sphé- noïde est rapporté. Le signe clinique inaugural était une douleur sourde au niveau de la mandibule. L’orthopantomographie montrait un double contour au niveau de l’ensemble de la mandibule et la scintigraphie une hyperfixation de toute la mandibule. Après plusieurs mois de polyantibiothérapie et une tentative d’arrêt du dénosumab, de larges plages d’exposition osseuse étaient notées au niveau de tout le versant alvéolaire lin- gual de la mandibule. La limitation d’ouverture buccale a été brutalement suivie d’un blocage de la fermeture buccale par fracture comminutive des branches montantes man- dibulaires Discussion : L’ostéochimionécrose souvent imputable aux bisphosphonates, peut également être associée à la prise de dénosumab. Le dénosumab est un anticorps monoclonal anti RANKligand ciblant les ostéoclastes. L’étendue de l’ostéonécrose est probablement liée à l’existence d’une altération du remodelage osseux (ostéomalacie). L’absence d’alternative thérapeutique dans le cas clinique présenté et les bénéfices cli- niques constatés doivent faire préférer un traitement antirésorptif malgré un risque accru de développer une ostéochimionécrose.

Abstract

Extensive osteochemonecrosis of the mandible in a patient treated with deno- sumab for a sphenoidal osseous tumor. Description: The case of a 68-year-old patient, treated with denosumab calcitriol and phosphates for osteomalacia and a giant cell tumor of the sphenoid, is reported. The initial symptom was dull mandibular pain. The radiolo- gical signs were a periosteal reaction of the whole mandible in the orthopantomography, and hyperfixation of the mandible in the scintigraphy After various types of polyantibiotic therapy, and despite an interruption of the denosumab, large amounts of exposed bone were visible on the lingual side of the corpus mandibulae A comminuted fracture of both condylar processes was also noted. Discussion: Both bisphosphonates and denosumab can induce osteochemonecrosis. Denosumab is an anti-RANK ligand antibody targeting osteoclasts. The large extension of osteonecrosis can be related to concomitant altera- tions of bone remodeling (osteomalacia). The lack of therapeutic alternatives in this case and the clinical benefits indicate antiresorptive treatment, despite an increased risk of osteochemonecrosis.